Vous avez sûrement croisé une de ces publicités tapageuses vantant les prouesses de l’hyperstar qu’on pourrait résumer de la manière suivante. Cet instrument fera de vous un héros de Marvel, vous serez doté des super pouvoirs suivants : l’astrophotographie deviendra un jeu d’enfant avec des temps de pose réduits à quelques secondes, vous serez dispensés de guidage et de mise en station précise le tout pour des résultats époustouflants.
Si vous pratiquez l’astronomie amateur depuis quelque temps, ce discours vous a sûrement incité à la méfiance mais l’hyperstar, présenté comme un rêve, a aussi une réalité.
Le principe de fonctionnement de l’hyperstar.
1- lame de fermeture et baffle, miroir primaire et molette mise au point.
2 – hyperstar.
3 – bague.
4 – capteur.
Pour plus d’informations, consultez le site du constructeur.
Pour résumer, l’hyperstar est au fond un réducteur de focale que l’on fixe à l’avant du Schmidt-Cassegrain à la place du miroir secondaire. Les instruments Celestron équipés du procédé Fastar rendent l’opération aisée (l’équipement peut se trouver en option). L’obstruction créée par le capteur à l’avant du télescope interdit l’usage d’un APN sur un C8 par exemple, mais l’autorise sur un C11. La caméra CCD convient à tous les diamètres du C6 au C14. Les rayons lumineux passent la lame de Schmidt et vont se réfléchir sur le miroir primaire qui les renvoie sur l’hyperstar et votre capteur, réduisant notablement la focale de l’instrument. Un C11 avec une focale de 1782mm avec un réducteur 6,3 au foyer, se retrouve avec une focale de 560mm avec un hyperstar. Le rapport F/D, déterminant pour le temps de pose, passe de 6,3 à 2. Par exemple un temps de pose de 30 secondes équivaut à 5 minutes dans la configuration classique sur un C11.
Par voie de conséquence le champ photographique se trouve considérablement augmenté : on a par exemple un champ de 136,9’x91,5’avec un APN (format capteur APS-C) soit celui d’une lunette de 560 mm de focale .
Votre Schmidt-Cassegrain est désormais capable de shooter des planètes en configuration classique et de couvrir des objets aussi étendus que North America ou la nébuleuse du Cœur avec l’hyperstar. Deux instruments en un en quelque sorte.
La pratique de l’hyperstar :
Comme vous vous y attendez la pratique de l’hyperstar réserve son lot de mauvaises surprises. Pour que le rêve américain ne se transforme pas en cauchemar hexagonal permettez-moi de vous faire part de mon expérience avec la version 3 de l’équipement.
I – Le miroir secondaire prêt à être enlevé. Remarquez le cran pour retrouver sa position exacte.
II – L’hyperstar avec les vis tirantes et poussantes, les vis pour faire pivoter le boîtier. La boîte de rangement du miroir secondaire. La mallette de l’hyperstar.
III – L’hyperstar en place vissé sur le baffle. La bague T.
IV – Hyperstar et APN . Remarquez l’élastique pour plaquer le cache des prises. Le fil reliant l’ordinateur perpendiculaire et collé au bord du tube.
L’ensemble de l’installation.
Le porte oculaire doit rester en place.
L’oculaire doit être occulté. (lumières parasites).
Moteur de mise au point.[/span6][/row]
Ma première expérience :
- Je recommande fortement l’usage d’un dégrippant lubrifiant sur le pas de vis de l’hyperstar avant de le fixer sur la lame de fermeture pour éviter un blocage dû au changement de température au moment de revenir au miroir secondaire. Bien entendu il ne faut pas que le baffle bouge, le dégrippant évite ce grave inconvénient et il ne faut pas trop serrer.
- L’obstruction de l’APN doit être réduite le plus possible. La prise de branchement de l’appareil photo à l’ordinateur est protégée par un cache plastique articulé sur l’APN. Il faut maintenir ce cache plaqué sur l’appareil à l’aide d’un élastique ou d’un autocollant.
- Il est difficile, voire impossible de penser une soirée avec les deux configurations, classique et hyperstar, pour des raisons assez évidentes : équilibrage différent de la monture avec ou sans lunette guide, manipulations nocturnes complexes et risquées etc…C’est à la rigueur possible si on fait du planétaire en début de soirée puis du ciel profond à l’hyperstar (pas de problème d’équilibrage). Mais par expérience il vaut mieux penser la soirée hyperstar seul. On part avec un équipement allégé : pas de lunette guide ni de contrepoids supplémentaire, par ailleurs la mallette de l’hyperstar est bien conçue. On s’y prend assez tôt au crépuscule pour installer tranquillement l’appareil photo, gérer les fils (penser à fixer le fil au bord du tube perpendiculairement avec un autocollant), équilibrer. Pour la mise en station au viseur polaire pas de différence. Une mise en station très précise assistée par l’ordinateur n’est pas nécessaire compte tenu des brefs temps de pose. L’alignement se fait au « live vue » ou à l’écran de l’appareil sans problème. La visée des objets sera facilitée par la courte focale.
- Mise au point et collimation. C’est le point sensible . La difficulté est escamotée par la publicité. La version 3 de l’hyperstar propose une possibilité de recollimation avec un jeu de trois paires de vis tirantes et poussantes. Une bonne collimation est indispensable et n’est pas donnée au départ. Consolez–vous en vous disant que vous économisez beaucoup de temps sans les problèmes de suivi de la monture. Pour cette collimation, je la pratique au « live vue » sur l’écran de l’appareil ou de l’ordinateur. Je commence par une grosse étoile que je défocalise et j’affine avec un amas ouvert. Je procède empiriquement et je vérifie en prenant des photos pose très courte. Bien sûr la recollimation a une incidence sur la mise au point qu’il faut refaire à chaque fois. Pour la mise au point, le « live vue » avec grossissement 5 ou 10 est bien pratique. La mise au point se faisant avec la molette à l’autre bout du télescope. Elle oblige à des contorsions dangereuses pour les lombaires ! Un moteur de mise au point s’avère être le bienvenu pour la précision et le confort. La version 3 propose la possibilité de faire pivoter l’APN, utile pour le cadrage d’objets étendus, sans changer la collimation (à voir).
L’honnêteté m’oblige à dire qu’il arrive que la collimation soit modifiée au cours d’une même soirée ! Aucune publicité ne vous le dira. Cela m’est arrivé lors de ma première séance photo. Peut-être n’avais-je pas bien resserré les vis ? Je n’en suis qu’à deux séances et j’ai beaucoup à apprendre encore. L’explication moins optimiste serait que l’installation soit rendue très sensible voire instable en raison du caractère très obtus du rayon lumineux arrivant sur l’hyperstar. Voir l’article de Michel Drogat ici à propos de la mise au point qui s’avère plus délicate quand la focale est courte.
Ma conclusion :
La prise de vue, quand tous ces problèmes sont réglés, s’avère aisée voire agréable. Les photos s’enchaînent rapidement. La recherche des objets est facile, les temps de pose de trente secondes x par 10, 20 ou 30 permettent un bombardement efficace du ciel. Un bémol cependant : l’hyperstar capte évidemment aussi très bien la pollution lumineuse. Un ciel très noir donnera de bien meilleurs résultats. Je n’ai pas encore essayé des temps de pose plus longs mais cela me semble possible : jusqu’à une minute sous un bon ciel. Quant aux darks et flats pas de difficultés majeures, on utilise le pare-buée qui doit être assez rigide (l’astrozap convient bien) et bien fixé pour supporter le poids du couvercle pour les darks ou d’un plexiglas blanc pour les flats.
Voilà , si ce n’est pas le rêve américain ça y ressemble quand même. On peut évidemment faire le choix d’un deuxième instrument à courte focale comme une lunette mais ce choix s’avèrera finalement plus onéreux. Mes premières photos à l’hyperstar sont consultables sur ce site dans la partie galerie. En voici un extrait.